L'Assomption de la Mère de Dieu dans le rite romain

01/08/2021 21:54

Il y a quelques jours, nous avons célébré l'Assomption de la Vierge Marie, mère de Dieu. Ce faisant, nous ne fîmes que poursuivre une tradition fort ancienne, inspirée par Dieu, reçue par les Apôtres, transmise par les pères, approfondie par les docteurs et approuvée par l'Eglise en 1950, lorsque le pape Pie XII promulgua l'Assomption dogme de l'Eglise universelle.

Il y a quelques jours, je relisais un article paru sur le site de la Schola Sainte-Cécile (une indulgence partielle est attachée à la lecture de toute page de ce site) consacré à la promulgation de ce dogme. L'auteur, tout en s'en réjouissant, notait que l'on pouvait regretter la refonte des textes de la Messe de ce jour. Pour ceux qui se disent : « De quoi qu'il parle le monsieur ? », voici une comparaison (avec commentaires en rouge) des textes de la Messe de l'Annonciation avant et après Pie XII :

Avant Pie XII :

Introït : « Gaudeamus » : Réjouissons-nous ensemble dans le Seigneur, car la fête que nous célébrons aujourd’hui est celle de la bienheureuse Vierge Marie : son Assomption réjouit les Anges et tous en chœur louent le Fils de Dieu. V/. : De mon cœur a jailli une parole excellente : je dis mes œuvres au Roi. Gloire au Père...

Collecte : Nous T'en supplions Seigneur, pardonne les fautes de Tes serviteurs ; et puisque nous ne pouvons Te plaire par nos propres œuvres, puissions-nous être sauvés par l'intercession de la Mère de Ton Fils, Notre-Seigneur, qui vit et règne...

Épître : Sagesse 24, 11-20 : « Je me suis élevée comme le cèdre du Liban ».

Graduel : « Propter Veritatem et mansuetudinem » : Pour la vérité, la douceur et la justice, et que ta droite te fasse accomplir des faits merveilleux. V/. Écoute, ma Fille, vois et tends l’oreille : le Roi a désiré ta beauté.

Alléluia : « Assumpta est Maria » : Marie a été a assumée aux Cieux : l’armée des Anges se réjouit.

Évangile : Luc 1, 41-50 : Marthe et Marie.

[On peut s'étonner du choix de l'Évangile de Marthe et Marie (cette dernière n'étant évidemment pas la Mère de Dieu). En réalité, les pères de l'Église ont très tôt donné à cette péricope une signification mariale; la chose est explicite chez saint Jean Damascène.]

Offertoire : « Assumpta est Maria » : Marie a été assumée au ciel : les Anges se réjouissent, ils louent à l’envi et bénissent le Seigneur. Alléluia.

Secrète : Rendus participants de la table céleste, nous implorons Ta clémence, ô Seigneur notre Dieu ; puissions-nous, célébrant l’Assomption de la Mère de Dieu, être délivrés par son intercession de tous les maux qui nous menacent.

Préface : de la bienheureuse Vierge Marie, en y insérant : « Et fêtant en ce jour l'Assomption… » (Et te in Assumptióne…).

Communion : « Optimam partem » : Marie a choisi pour elle la meilleure part, qui ne lui sera jamais enlevée.

Post-communion : Que Ton peuple trouve son secours, Seigneur, dans la prière de la Mère de Dieu ; et puisqu'elle a quitté ce monde suivant la condition de toute chair, puissions-nous ressentir les effets de son intercession pour nous, auprès de Toi, dans la gloire des cieux. Par ce même Jésus-Christ.

Pie XII (forme extraordinaire du rite romain) :

Introït : « Signum magnum » : Un signe grandiose apparu dans le ciel : une femme revêtue du soleil, la lune sous les pieds et sur la tête, une couronne de douze étoiles. V/. Chantez au Seigneur un cantique nouveau : car il a fait des merveilles.

Collecte : Dieu éternel et tout-puissant, qui as élevé en son âme et en son corps Marie, la vierge immaculée, mère de Ton Fils ; fais, nous T'en prions, que sans cesse tendus vers les choses d’en-haut, nous méritions d’avoir part à sa gloire. Par ce même…

Épître : Judith 13,22-25.15,10 : Bénie est la fille de Jérusalem.

Graduel : « Audi filia et vide » : Écoutez, ma Fille, vois et tends l’oreille : le Roi désirera Ta beauté. V/. Toute belle s’avance la fille du Roi, son vêtement est fait de tissus d’or.

Alléluia : « Assumpta est Maria ». Celle du propre ancien (la seule pièce conservée de celui-ci).

Évangile : Luc 1,41-50 : Visitation de la Vierge Marie à Elisabeth.

Offertoire : « Inimicítias ponam » : Je mettrai une hostilité entre toi et la femme, entre ton lignage et le sien.

Secrète : Que cette oblation de notre dévotion monte jusqu’à Toi, Seigneur, et que par l’intercession de la très bienheureuse Vierge Marie, élevée au ciel, nos cœurs, brûlants du feu de la charité, soient constamment tendus vers Toi. Par Notre-Seigneur.

Préface : de la bienheureuse Vierge Marie, en y insérant : « Et fêtant en ce jour l'Assomption… » (Et te in Assumptióne…).

Communion : « Beátam me dicent » : Toutes les générations me diront bienheureuse, parce que le Puissant a fait pour moi de grandes choses.

Post-communion : Ayant reçu, le sacrement du salut, Seigneur, fais, nous T'en prions, que par les mérites et l’intercession de la bienheureuse Marie, élevée au ciel, nous parvenions à la gloire de la résurrection. Par Notre-Seigneur.

Saint Paul VI (forme ordinaire du rite romain) :

Introït : « Signum magnum » ou « Gaudeamus ».

Collecte : Celle de Pie XII.

Prophétie : Apocalypse 11, 19-12, 10 : La Femme et le Dragon

Graduel : « Audi filia et vide » (ou Psaume 45, 11 : Toute resplendissante est la fille du Roi).

Épître : 1 Corinthiens 15, 20-27 : Ne vous laissez pas séduire

Alléluia : « Assumpta est Maria ».

Évangile : Luc 1, 39-56 : Visitation de la Vierge Marie à Elisabeth

Offertoire : « Assumpta est Maria ».

Secrète : Celle de Pie XII.

Préface : Il est vraiment digne et juste, équitable et salutaire de Te rendre grâces en tous temps et en tous lieux, Seigneur, Père Sain, Dieu tout-puissant et éternel, par le Christ, Notre-Seigneur. Car aujourd’hui, la Vierge Déipare est élevée aux cieux, comme commencement et image de l'accomplissement de Ton Eglise et signe de sûre espérance et de consolation pour Ton peuple en pèlerinage ; Tu n'as point voulu en effet qu'elle vît la corruption du sépulcre, puisque d'elle fut engendré Ton Fils incarné, l'Auteur de toute vie. Aussi, associés aux chœurs angéliques, nous Te louons en confessant avec joie : Saint…

Communion : « Beátam me dicent ».

Post-communion : Celle de Pie XII.

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Voilà pour la comparaison.

Si l'on me permet de passer dans le domaine de la liturgie-fiction (domaine admirable où toutes les fantaisies sont possibles), voilà ce que je proposerais : on rétablirait intégralement le propre de l'Assomption d'avant Pie XII, en insérant cependant la très belle préface que l'on trouve au missel de Paul VI.